Aller faire le rallye extrême de motoneige en catégorie Pro était vraiment un challenge de fou....
Red Bull 1000 Trails : Un défi de fou Écrit par François Il y a deux semaines, François Vulliet, de passage en France, cherchait un coéquipier pour faire le Red Bull 1000 trails. Cette course de moto neige est un peu la Romaniac des neiges, regroupant franchissement et orientation, le tout au beau milieu des Carpates, non loin de Sibiu en Roumanie. Jusque là, rien d’exceptionnel, si nous avions possedé des Scooter des neiges, car le François avait décidé de le faire avec des motos à chenille ! Les motoneiges de tous nos concurrents ont 150 chevaux minimum et une chenille de plus de 2 m de long. Nous avons 30 chevaux et une chenille d’un mètre et en plus peu d’expérience, voire pas du tout pour Jérôme. L’aventure a commencé la veille de la course. Départ de Timisoara à 2 H du mat. 350 km sous la pluie dans un Partner avec nos deux protos sur remorque. A 35 km du but, les routes défoncées Roumaine, ont raison de notre remorque. Le timon casse en deux, à 5 du mat, on répare tant bien que mal avec des bouts de bois et des sangles. Le premier jour, le prologue nous met les pieds sur terre. Nous arrivons sur la ligne de départ sans que Jérôme ait essayé la machine. Cela va être dur. Le premier fait les 10 Kms en 9 minutes nous en 24... Avec il est vrai une panne d’essence (Pb de pompe à essence). Nous découvrons que notre ski avant se bloque sur les cailloux dans les grandes descentes et nous faisons de belles pirouettes en avant, motos comprises (notre ski avant a des lames de tungstène très aiguisées pour la glace). A la fin des 10 Kms nous sommes morts et nous avons une idée de ce qui va nous attendre pour les 2 jours suivants de 150 Kms chacun. Cependant nous sommes vraiment une curiosité pour la presse et les spectateurs, photos interviews... il est vrai que ça on sait faire. On passe la fin de l’après midi à faire les réglages de suspensions, blocage de la compression de la fourche avant, tension de la chenille, contrôle de la pompe. On mange bien et nous voilà partis pour une nuit de 12 heures. 5h 30 réveil, préparation, déjeuner, et nous voilà pour le départ, je pense que Martin (l’organisateur) nous laisse partir car il sait que quoi qu’il arrive dans les montagnes que je connais bien on se débrouillera. Il nous souhaite bonne chance avec le sourire. On part tranquille en bons derniers avec une vitesse moyenne de 50 km/h alors que les motoneiges vont à 100, 130 km/h. Après 50 km, première grosse difficulté, 1 km de devers avec passage de ravines dans une pente de 30 à 40 degrés... les motoneiges sont en déroute, mais nous passons facilement, l’espoir revient, on se tape les mains, notre rythme augmente, on prend du plaisir à slalomer entre les sapins. Au pied d’une grande montée dans les sapins nous trouvons des motoneiges à l’arrêt attendant que celui du haut avance. Jérôme se lance , fait un très beau slalom et double 7 ou 8 snowmobiles puis s’arrête à mi-pente. Je n’arrive malheureusement pas à le suivre, gêné par un concurrent plutôt énervé par nos mobylettes des neiges. Nous tirons , poussons mais la pente devient vraiment raide et surtout les motoneiges ont enlevé toute la neige. Exténués nous prenons la décision de faire le tour pour ne pas casser les moteurs et essayer de voir l’arrivée avant la nuit. Nous voilà arrivés à notre première grande rivière... comme en snowmobile je mets du gaz pour glisser sur l’eau mais à mi-course le ski touche un caillou et me voilà complètement sous l’eau avec la moto !!! Je relève la moto et je vais m’asseoir dans la neige pour récupérer. Jérôme ne m’ayant pas vu tomber ne comprend pas vraiment la situation. Après 1 heure de mécanique avec confection d’outils nous arrivons à repartir. Là nous montons sur les crêtes à 2000 mètres d’altitude au coucher du soleil. Jérôme a bien pu apprécier les étendues des carpates. Nous nous arrêtons pour changer les piles du GPS et la poignée de gaz se gèle, à -15 degrés tout est un peu différent, exemple le Camel back est dans la veste et le tuyau dans la manche. Nous descendons dans la nuit jusqu’à l’avant-dernier point de contrôle, où nous rejoignons directement l’arrivée après plus de 10 heures de moto. Heureux d’arriver. Il faut vite se changer, trouver un lit, manger, boire et dormir, enfin essayer de dormir car nous avons bu trop de Redbull.Redbull 1000Trails Troisième jour, le départ est frais. Il a neigé 40 cm durant la nuit et avec les 30 d’hier nous ne pouvons pas sortir des traces des snowmobiles. Très rapidement nous arrivons face à une grande montée dans le brouillard. Nos motos ne pourront pas monter, même en faisant des bords. La neige arrive au guidon. Certains snowmobiles renoncent aussi. Nous sautons donc le premier CP, puis nous retrouvons une trace sympa mais encore avec de nombreuses difficultés aquatiques que je loupe pas de goûter encore par deux fois... Le temps est bleu, le paysage magnifique et nous avançons lentement mais sûrement. Un passage en dévers dans les bois nous remonte le moral face aux snowmobiles. Puis du roulant jusqu’à la fin. Heureux d’avoir fini, on peut dire que la mécanique a été costaud, que toutes les réparations et improvisations des 4 jours ont tenu, l’expérience africaine ça sert. Sur la liaison de 20 Kms on s’est vraiment mis la bourre entre nous. Après 20 heures de moto on commence à savoir la conduire. Etienne avait dit à Jérôme avant de partir "tu verras, j’ai essayé c’est facile" ... mais sur 10 heures c’est vraiment physique dans les « woups » faites par les snowmobiles. On a bien forcé, perdu 2 kilos en deux jours, mais on a bien rigolé et surtout on ne s’est pas mis ridicules, voire on a été les stars du mérite. François
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